LA FIN DE L'ECONOMIE !
Je propose de publier ici la première partie du premier chapitre du
livre que je suis en train d'écrire : "La Décroissance, une Utopie qui
s'impose !".
En effet ce premier chapitre, écrit en avril-mai
dernier, que je viens de retoucher un peu (complément et correction sur
la crise immobilière américaine) est un diagnostic de notre
civilisation (société capitaliste néo-libérale et consummériste) et en
particulier je spécule sur la fin de notre belle civilisation !
La première partie de ce premier chapitre s'intéresse à l'aspect économique. Il ne s'agit encore que d'un brouillon.
1) Diagnostic économique
Puisque nous vivons dans des sociétés économistes, je propose de commencer ce diagnostic par l’économie. En effet depuis plusieurs années, au même titre que les lois de la nature ou de la physique, l’économie est devenue plus qu’une science mais une loi dont nous sommes dépendants et que nous ne pouvons contourner.
La toute puissance du dollar :
L’économie internationale est totalement dépendante du dollar qui joue un rôle hégémonique depuis la seconde guerre mondiale :
- Beaucoup de monnaies sont indexées sur le dollar (beaucoup de pays asiatiques comme la Chine par exemple) ou réévaluées en fonction du dollar (Inde par exemple et dans une moindre mesure l’euro relativement sous-évalué par rapport au dollar).
- Les prix de toutes les matières premières : en particulier du pétrole, du gaz et des métaux) sont fixés en dollars.
- Les échanges internationaux se font majoritairement en dollars : environ 60% des échanges contre 15% en euros en 2005 (1).
- La plupart des avoirs internationaux sont en dollars : 64% contre 20% en euros en 2005 (1).
(1) Source : Fond Monétaire Internationale.
La dette américaine :
Le dollar est aussi la monnaie de la première puissance économique mondiale, les Etats-Unis d’Amérique.
Ce pays connaît depuis plusieurs années un accroissement fou de sa dette. En particulier, la dette publique américaine s’est envolée depuis l’investiture de Georges Walker Bush en 2001 et la politique impérialiste de son administration après le 11 septembre : deux guerres d’invasion, augmentation drastique du budget militaire de 30% qui représente aujourd’hui 50% du budget militaire mondiale et baisse importante des impôts pour les plus riches.
Ainsi la dette publique américaine atteignait en mai 2007 la somme de 8 827 milliards de $ soit environ 67% du Produit Intérieur Brut (PIB : 13 632 milliards de dollars).
Source : site internet du Trésor : http://www.treasurydirect.gov/NP/NPGateway
La dette en direct : http://zfacts.com/p/461.html
Courbe 1 : Endettement public des Etats-Unis en pourcentage du PIB (1950 – 2010)
En parallèle la dette privée (dette cumulée par les ménages et les entreprises) est, elle aussi, en forte augmentation.
L’endettement des ménages américains plus l’endettement des entreprises atteint en cumulé environ 24 000 milliards de dollars.
Cela est la conséquence directe de la politique économique appliquée dans ce pays : culture consumériste et de l’achat à crédit. On retrouve, dans une moindre mesure le même système de consommation à crédit dans la plupart des pays développés, ce qui permet de maintenir, à court terme une forte consommation et ainsi une bonne croissance économique.
La famille américaine moyenne dépense 1,22 $ par dollar gagné, possède 13 cartes de crédit dont le solde débiteur s’élève à 9 312 $ - le double d’il y a 10 ans (2).
Source : http://www.cadtm.org/article.php3?id_article=2009
Ainsi la dette totale américaine (dette privée + dette publique) a dépassé le niveau record de 250% de son PIB au début de l’année 2007, soit plus de 30 000 milliards de dollars de dette !
Courbe 2 : Dette totale des Etats-Unis en pourcentage du PIB (1950 – 2007)
L’interdépendance économique américano-chinoise :
Il s’est mis en place depuis plusieurs années un système complètement fou de commerce entre la Chine et les Etats-Unis. La production américaine s’est déplacée vers la Chine (exemple de Wall Mart, première chaîne de grande distribution au monde qui produit 70% de ses produits vendus aux Etats-Unis en Chine !) où les coûts de productions (en particulier du fait du coût de la main d’œuvre presque gratuite, on peut parler d’esclavage moderne) sont dérisoires. En même temps la Chine reçoit des liquidités en dollars fraîchement imprimées (en particulier des bons du trésor), renforçant la dette publique américaine. Cela lui permet de financer son développement énorme. Les produits fabriqués en Chine sont donc consommés aux Etats-Unis et achetés à crédit, les Chinois acceptant ce jeu de dupe, d’autant plus que leur monnaie est indexé sur le dollar : le yuan ou renminbi est fixée depuis le milieu des années 90 sur le dollar (Y8.28/USD) et a été réévaluée le 21 juin 2005 à Y8,11/USD !
Cette interdépendance, renforce l’endettement des Etats-Unis ainsi que l’instabilité du dollar et donc de l’économie internationale. Pour l’instant elle se maintient du fait que personne parmi les pays riches et influents a aucun intérêt à ce que le dollar s’écroule.
Par ailleurs les échanges boursiers atteignent tous les jours la valeurs de 700 milliards de $. Cette volatilité associé à une surestimation des marchés (estimé à70% par certains spécialistes !) rend encore plus instable l’économie mondiale. Même Alan Greenspan, ancien président de la FED (Federal Reserve, la banque centrale américaine), en février 2007, mettait en garde contre les dangers d’une récession probable d’ici la fin de l’année.
Dans le même temps, la banque centrale européenne, rendue indépendante par les différents traités économiques, applique, de manière complètement idéologique une politique économique néo-libérale de l’Euro fort (taux d’intérêt élevé, donc valeur de l’argent forte) et lutte drastique contre l’inflation.
Ainsi la valeur du Dollar s’est écroulée depuis quelques années par rapport à l’Euro. Toutefois cet écroulement reste relatif et limité du fait que le dollar conserve son privilège de monnaie de référence et que les américains peuvent se permettre de faire tourner l’impression des planches à billets sans pour autant suivre une inflation trop grande… mais jusqu’à quand ?
Courbe 2 : Dollar / Euro
Bulle immobilière américaine :
Enfin de plus en plus de spécialistes prédisent l’explosion de la bulle immobilière américaine. En effet depuis 2002, le marché de l’immobilier aux Etats-Unis a connu une forte progression, de plus en plus de ménages modestes ont accédé au logement à l’aide de prêts à taux variables consentis par des banques peu regardantes sur les risques encourus. En effets, aveuglés par les profits, les banques ont distribué a tout-va des prêts sans aucune autre caution que la certitude que le prix de l’immobilier soit croissant. Or depuis quelques mois la situation s’inverse, les taux variables augmentent, les familles modestes ne peuvent plus rembourser et sont expulsés. Certains spécialistes parlent de 3 millions de foyers concernés et, encore plus inquiétant, d’une bulle spéculative estimée à 1 000 milliards de dollars !
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=594
Dette du tiers monde :
Par ailleurs, il est très intéressant de comparer la dette des Etats-Unis avec celle du tiers-monde, présentée comme énorme et aussi comme frein à leur développement.
Cela est d’autant plus intéressant lorsque l’on se rend compte que cette dette a été institutionnalisée et entretenue par les pays riches, en particulier par les Etats-Unis, à travers leurs organes de propagandes néo-libéraux tels que le FMI et la Banque Mondiale. Il est par ailleurs intéressant de rappeler que ces pays pauvres ont d’ores et déjà remboursée cette dette mais que la mainmise occidentale est telle que l’on continue à tout faire pour d’une part continuer à les maintenir dans la dette et d’autre part pouvoir les piller encore plus de leurs matières premières et conserver un poids de décision sur ce qui seraient bon, pour nous, qu’ils produisent !
Enfin il faut rappeler que ces dettes ont été mises en au sortir de la période coloniale. Les économies de ces pays étant complètement essoufflées et les besoins en reconstruction énormes.
La dette est donc une des armes les plus terrifiantes de destruction massive ! Jean Zigler parle de criminalité systémique.
Site du CADTM : www.cadtm.org
Jean Ziegler, l’Empire de la honte
John Perkins, confession d’un tueur à gage économique
Joseph Stiglitz
Heureusement la main invisible équilibre les marchés !
Je le publie maintenant, parce qu'après il sera trop tard !
En plus, j'ai bien peur qu'il y ai plus de chance que l'économie internationale explose avant que je finisse ce livre !